Depuis le 25 septembre, date à laquelle l’hôpital de Tourcoing a suspendu les accouchements dans son établissement, les choses s’organisent, mais la situation reste tendue dans les maternités alentours, et notamment à Roubaix.
La semaine suivant cette suspension, sur les 46 accouchements de femmes suivies à Tourcoing, la maternité de Roubaix en a effectué 26. Une coopération renforcée a donc été mise en place entre les deux établissements : sages-femmes, infirmières, puéricultrices et auxiliaires de puériculture de Tourcoing sont venues renforcer les équipes roubaisiennes. « Mais cela reste compliqué, elles ne sont pas dans leur lieu habituel de travail, elles ne connaissent pas notre système informatique, nos procédures et en plus, elles arrivent en période de suractivité… Souvent, on ne les revoit plus, elles se mettent en arrêt maladie, car elles n’en peuvent plus », affirme Jacques Adamski, militant CGT, membre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail à Roubaix.
Pour rappel, un numéro a été mis en place pour informer et orienter les futures mamans qui devaient accoucher à Tourcoing : 06 12 22 66 53.
Les annonces ce lundi de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour « refonder les urgences » sont loin d’avoir convaincu les grévistes de la région. L’Agence régionale de santé (ARS), de son côté, annonce une feuille de route pour les Hauts-de-France.
« Insultant ». C’est ainsi que Jean Létoquart qualifie le « financement » de la ministre pour « refonder les urgences ». L’infirmier anesthésiste CGT au CH de Lens met en parallèle les 750 millions d’euros proposés avec les 4 milliards annuels de taxes sur les salaires hospitaliers. « Si on supprimait cette taxe, ce serait 5 % d’argent en plus pour chaque hôpital », abonde Jacques Adamski, délégué CGT de l’hôpital de Roubaix. « Et la somme qu’elle propose ne sera pas de l’argent en plus, mais de l’argent pris sur le budget de l’hôpital ».
Voilà pour le volet financier. Du côté des mesures, Jacques Adamski juge qu’« il n’y en a pas ». « Aucune annonce sur des lits supplémentaires, ni sur les effectifs », déplore-t-il. Même déception chez Jean Létoquart : « Il y avait deux façons de régler le problème : soit faire en sorte que les gens quittent rapidement les urgences en créant des lits, soit faire en sorte qu’ils y viennent moins en renforçant la médecine de ville. Mais dans les deux cas, il faut du personnel et de l’argent ». Alors, dans un département comme le Pas-de-Calais, où « il manque 280 généralistes et 1 000 spécialistes pour atteindre la densité médicale nationale »…
« De vieilles arlésiennes »
La création d’un « service d’accès aux soins » (SAS), les admissions directes en gériatrie, l’élargissement des compétences des infirmiers, la vidéo dans les EHPAD ? « De vieilles arlésiennes » pour Jean Létoquart. Déshabiller Pierre pour habiller Paul, selon Jacques Adamski : « On va dépouiller des services déjà en manque de moyens pour renforcer les urgences, au risque de monter les uns contre les autres ». Lui juge que « Madame Buzyn n’a pas compris que c’est tout l’hôpital qui est malade » quand son collègue lensois dénonce « une pénurie médicale organisée ».
Autre point de vue du côté de l’Autorité régionale de santé (ARS), qui juge que « la ministre a annoncé une véritable refondation des urgences » et a dans la foulée annoncé l’élaboration d’une feuille de route régionale. Elle passera, entre autres, par une concertation avec les médecins libéraux pour adosser une maison médicale de garde à proximité des centres hospitaliers de Lens, Tourcoing et Seclin-Carvin.
Depuis le 6 juillet, une majorité du personnel de la maternité de Beaumont, entrée en service il y a deux ans après son déménagement, est en grève. Les sages femmes demandent une augmentation des effectifs pour faire face à la hausse de l’activité.
35 jours qu’elles sont « en grève », tout en travaillant. Cela est inscrit sur leur blouse, permettant d’informer les patientes qui se rendent à la maternité de Beaumont pour accoucher. Les sages-femmes et les assistantes en maternité ne décolèrent pas. Elles souhaitent plus de personnel pour faire face à une hausse de l’activité depuis l’installation de la maternité dans ses nouveaux locaux, en mai 2018 : « 12% d’activité aux urgences et +9% en salle d’accouchement » selon la CGT des hospitaliers de Roubaix. « Nous demandons une sage femme supplémentaire la nuit et aux urgences, un agent d’accueil. Car aujourd’hui c’est une sage femme qui se charge de l’accueil et nous en avons besoin en soin », affirme une des sage-femme mobilisée. Le personnel de la maternité demande également un renfort de la sécurité, notamment après une agression fin juillet par un homme ivre et armé d’un couteau.
« On court, on ne peut pas aider les gens comme on le voudrait. » Le constat est clair, selon elles, les sages-femmes ne peuvent pas travailler dans de bonnes conditions. La direction de l’hôpital explique que six mois après le déménagement de la maternité, dix équivalents temps plein ont été recruté. « On est un des seuls établissements de la région et même de France à recruter », affirme Guillaume Couvreur, le DRH du centre hospitalier de Roubaix. « Nous avons renforcé la maternité avec des professionnels de l’anesthésie et du bloc opératoire, pour soulager les soignants », précise-t-il. La direction précise également que « le problème n’est pas que local, il est aussi national. »
A la rentrée, s’il n’est pas entendu, le personnel de la maternité promet « des actions fortes »pour obtenir gain de cause.
Depuis le 6 juillet, à l’appel de la CGT, un mouvement de grève touche les sages-femmes de la maternité de Beaumont à Roubaix. Depuis le déménagement de la maternité Paul Gellé, devenue maternité de Beaumont en 2017, l’activité des urgences gynéco-obstétricales a augmenté de 12%. Le nombre de naissances est ainsi passé de 2 700 à 3 300 chaque année. Par conséquent, le personnel réclame une hausse des effectifs pour assurer un service public de qualité auprès des patientes avant, pendant et après leur accouchement. Les sages-femmes grévistes estiment ne pas pouvoir assurer correctement le suivi des mamans (accompagnement avec le bébé, allaitement). Autre problème pointé du doigt par les grévistes : la sécurité. Actuellement, une équipe d’agents sécurité incendie, présente à l’hôpital Provo, intervient à la maternité de Beaumont en cas de besoin. Le syndicat réclame la présence en continue d’un agent de sécurité. Dimanche dernier, le personnel a été menacé par une personne qui brandissait un couteau et les insultes sont fréquentes de la part des patients et des accompagnants selon la CGT.
Du côté de la direction, le service des Ressources Humaines, qui rappelle que 10 personnes supplémentaires avaient été recrutées au moment du déménagement en 2017, assure apporter une réponse au manque d’effectifs sous trois mois. Quant à la sécurité, elle affirme que le bâtiment est entièrement sécurisé grâce à un système de badges et s’appuie sur l’équipe actuelle de sécurité incendie, disponibles de jour comme de nuit.
Après Maubeuge et Roubaix la semaine dernière, le CHU de Lille pourrait rejoindre ce mardi le mouvement de grève national dans les services d’urgence.
C’est une enveloppe jugée insuffisante par le secrétaire du CHSCT de l’Hôpital Victor Provo de Roubaix. Jacques Adamski (CGT), réagit aux 70 millions d’euros promis vendredi dernier par la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour tenter de calmer la grogne dans les urgences :
Le seul budget de l’Hôpital de Roubaix, c’est trois fois cette somme. 70 millions pour toute la France, ça ne permettra pas de fonctionner.
A Roubaix, on demande une réorganisation complète de l’offre de soins, incluant en amont les médecins généralistes. Les admissions aux urgences ont augmenté de 25% ces trois dernières années avec 89 000 patients reçus chaque soit quasiment l’équivalent de la population entière de la ville. Le syndicaliste demande à SOS médecins d’arrêter de prendre des patients sur rendez-vous en journée et pointe du doigt la violence :
La violence est de plus en plus pesante, les personnels courent toujours plus.
A Lille, le nombre de patients a doublé en 10 ans
Au CHU de Lille, une assemblée générale du personnel est organisé ce mardi. Le chef du pôle de l’urgence à l’hôpital demande une ouverture de lits supplémentaires en aval des urgences. Patrick Goldstein que c’est avant tout cela qui crée de nombreuses heures d’attente aux urgences :
Il y a énorme un malentendu qui est de dire que ce sont les patients non pris en charge par la médecine générale qui sont les responsables.
Le médecin estime qu’il « faut trouver la bonne place pour le bon patient au bon moment » notamment pour les personnes âgées qui sont de plus en plus nombreuses dans son service. Un patient qui reste sur des brancards pendant 24 heures, c’est pas possible !
Débuté en mars dernier à Paris, le mouvement de grève des soignants des urgences s’étend désormais à plus d’une centaine de services en France. Un mouvement rejoint par une partie du personnel des urgences de Roubaix, qui dénonce un burn-out général. Les grévistes ont commencé à se déclarer ce mercredi.
ls en ont ras-la-blouse. Les personnels des urgences et du SMUR de Roubaix rejoignent le mouvement de grève nationale initié par le collectif inter-urgences. Dans la région, seul le service des urgences de Maubeuge avait suivi le mouvement jusqu’à présent. À Roubaix, le déclic est venu d’une nouvelle agression, subie par une infirmière à la fin du mois de mai. « Cette fois c’est une patiente qui a agressé une infirmière des urgences, à coups de pied, coups de poing et tirage de cheveux » regrette Jacques Adamski, secrétaire de la CGT de l’hôpital.
Augmentation de la fréquentation, diminution des effectifs
Des problèmes de sécurité et un « burn-out » général. « Années après années, les effectifs diminuent. Depuis trois ou quatre ans les urgences de Roubaix sont en sous-effectif de l’ordre de 15 % à 20 % » estime Jean-Philippe Delecueillerie, aide-soignant au SMUR et secrétaire adjoint au CHSCT, qui note parallèlement une augmentation de l’activité des urgences de Roubaix : « les fermetures périodiques de la ligne SMUR de Tourcoing et ses urgences pédiatriques, par manque d’effectif médical, font qu’on est amenés à soigner aussi ces patients-là ».
Près de la moitié du personnel des urgences, médecins compris, aurait d’ores et déjà rejoint le mouvement. « L’équipe a juste envie d’exercer dans des conditions dignes. Il y a mieux à faire pour le patient avec un minimum de moyens » martèle l’aide-soignant. Au premier rang des revendications : l’embauche immédiate de personnels (médecins, infirmiers, aides-soignants, brancardiers…), l’augmentation des moyens en personnel de sécurité, la présence en continue d’un agent d’accueil des familles et un arrêt de la fermeture des lits.
Un impact limité sur le traitement des patients
Soumis à une obligation de service minimum, la plupart des grévistes vont continuer à travailler, se contentant d’afficher leur mécontentement et leurs inquiétudes sur des banderoles, des brassards ou sur leur blouse. Ils ont par ailleurs demandé à être reçus par le nouveau directeur de l’hôpital qui a répondu positivement à leur demande ce jeudi dans l’après-midi. Nous n’avons pas pu joindre ce dernier pour recueillir son point de vue sur ce sujet.
Des tensions existant de longue date au bloc opératoire du centre hospitalier de Roubaix se sont soldées par un passage devant le tribunal. Il a donné raison aux représentants du personnel, qui considéraient que les mesures prises par la direction n’étaient pas suffisantes pour résoudre le problème.
Leur tenue n’était pas passée inaperçue. Le 29 janvier, lors du comité d’accueil qu’ils tenaient à l’entame des vœux du centre hospitalier, des membres de la CGT s’étaient costumés en bagnards. En cause, l’assignation en justice émanant de leur direction du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) et de son secrétaire, Jacques Adamski. Pour entamer une année dans une bonne ambiance, on a connu mieux.
« Risque grave »
Cette affaire, il faut remonter dans le temps pour la comprendre. En août 2017, la direction de l’hôpital présente un projet de réorganisation des blocs opératoires sur un seul site, pour en « optimiser le fonctionnement », en « développant l’activité » et en « réduisant les coûts ». Une étude est demandée à un cabinet d’expertise, dont le rapport rendu en juillet 2018 fixe un certain nombre de recommandations.
Sauf que, depuis plusieurs mois, plus encore que dans le reste du centre hospitalier où le climat social est compliqué, rien ne va plus dans ce service avec des tensions, trouvant notamment leur origine dans l’encadrement. On parle de « risque grave », de « danger imminent »… Ce qui se solde par un mouvement de grève du personnel infirmier en septembre.
Et parce que le CHSCT observe des « méthodes stressantes et anxiogènes », il demande le 13 novembre au cabinet un nouveau rapport. C’est cette demande que la direction de l’hôpital a jugée infondée, considérant qu’elle avait pris des mesures nécessaires, et qui l’a conduit à aller en justice.
Nous en appelons au directeur par intérim à prendre toutes les dispositions nécessaires.
L’audience a eu lieu fin février. Dans son jugement rendu il y a quelques jours, le tribunal de Lille a considéré que le recours à une nouvelle expertise était justifié.
Sollicitée, la direction n’a pas réagi. Mais maintenant que la justice est passée, que faire pour résoudre un problème latent. « Nous en appelons au directeur par intérim à prendre toutes les dispositions nécessaires, et immédiatement, afin de permettre aux blocs opératoires de retrouver un fonctionnement normal, et ce sans refiler la patate chaude à son successeur », insiste la CGT. Du travail pour Maxime Morin, qui, en mai, va prendre la direction de l’hôpital.
C'est l'heure de ton premier conseil
Certain vont y faire dodo
Quand la CGT se démène
À se battre pour son hosto
Avant de monter dans la salle
Écoute les agents qui râlent
Petit papa Vincent
Ne croit pas qu'ce soit marrant
De manquer de bras pour soigner
On est là, pour te le rappeler
Mais avant de monter
Il faudra bien écouter
Dehors on a bravé le froid
Pour te dire qu’ici ça va pas
Regarde l’hôpital qui se soulève
Pour venir ici t’expliquer
Que pendant tes 6 mois, aucune trêve
Il va falloir négocier
Petit papa Vincent
Ne croit pas qu'ce soit marrant
De manquer de bras pour soigner
On est là, pour te le rappeler
L’Agence Régionale de Santé
Pourrait te dire tu dépenses trop
Et elle pourrait te demander
De tondre la laine sur not’ dos
Mais pour toi aucune surprise
La CGT n’est pas soumise
Petit papa Vincent
Ne croit pas qu'ce soit marrant
De manquer de bras pour soigner
On est là, pour te le rappeler
Si tu dois licencier
Si tu penses qu’on va laisser
Nos services sans personnel
Tu crois vraiment au père Noël
Et ne reste pas sur ton beau nuage
Écoute bien notre chanson
Ne pense pas que ce sont des babillages
Faut pas nous prendre pour des c…
Petit papa Vincent
Ne croit pas qu'ce soit marrant
De manquer de bras pour soigner
On est là, pour te le rappeler
Petit papa Vincent