Le centre hospitalier de Roubaix sur la liste noire de l’absentéisme

Voix du nord

PUBLIÉ LE 22/04/2016

PAR PERRINE DIÉVAL

Le centre hospitalier de Roubaix figure sur la liste noire des hôpitaux en matière d’absentéisme, publiée par « Le Figaro » mercredi. En moyenne, chaque agent était absent 32,2 jours par an en 2014. Quelles sont les raisons et les conséquences de ce phénomène ? Quelles pistes sont explorées pour juguler ce fléau ?
 Les difficultés socio-économiques du territoire expliqueraient aussi le fort taux d’absentéisme au centre hospitalier de Roubaix. VDN

Pénibilité du travail, horaires difficiles, solidarité entre agents qui s’étiole, passage aux 35 heures : les syndicats de l’hôpital n’ont pas de mal à avancer des raisons expliquant l’absentéisme des agents hospitaliers. Mais ces motifs n’aident en rien à comprendre pourquoi à Roubaix, plus qu’ailleurs dans la région, les agents non médicaux se mettent plus souvent en arrêt.

Pour Jacques Adamski, de la CGT, il convient de chercher du côté d’une spécificité de l’établissement : « Il accueille 400 lits en gériatrie, soit autant que le CHRU de Lille. Or, c’est un secteur très difficile. » « Avec la réforme des Ehpad et des unités de soins longue durée fin 2014, près de 45 postes d’aides-soignantes y ont été supprimés progressivement, ajoute pour sa part Patrick Desmet, pour Sud Santé. C’est justement le domaine où l’absentéisme est le plus fort au sein de l’établissement. »

Coups de chaud et difficultés socio-économiques

Marie-Christine Paul, directrice de l’hôpital, se rallie à l’argument. Et en ajoute un autre : l’activité même de l’hôpital de Roubaix, irrégulière car fortement liée aux urgences. « On a des coups de chaud aux urgences, qui retentissent dans d’autres services, note-t-elle. Sur 24 heures, nous devons faire face à des variations de 25 % de la charge de travail. On essaie d’adapter les effectifs, mais ces variations pèsent sur la charge de travail. Le risque d’absentéisme est plus fort dans ce contexte. »

Le contexte socio-économique roubaisien, difficile, participerait aussi à l’absentéisme, avec une représentation importante de jeunes femmes à faible qualification, comme les agents de services hospitaliers. « Ces difficultés pèsent sur nos propres personnels », explique Marie-Christine Paul. Concrètement, les autorisations d’absence pour enfants malades, par exemple, sont importantes. « Certains personnels se retrouvent sans solution de garde pour les dimanches et nuits », ajoute la directrice.

Autre spécificité roubaisienne, selon les syndicats : le grand nombre de dossiers d’agents qui restent en arrêt maladie longue durée dans l’attente de retrouver un poste aménagé. Surtout, « l’absentéisme est un cercle vicieux. Le fait de ne pas remplacer les absents use encore plus ceux qui restent », illustre Jacques Adamski. « Les agents qui restent en poste en font forcément plus. Au final, ça donne des situations difficiles, qui peuvent aller jusqu’au burn-out », note M. Duez, le secrétaire de FO, qui compte sur l’arrivée d’un nouveau DRH en début de mois pour juguler le phénomène.

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