Les annonces ce lundi de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pour « refonder les urgences » sont loin d’avoir convaincu les grévistes de la région. L’Agence régionale de santé (ARS), de son côté, annonce une feuille de route pour les Hauts-de-France.
Par Magalie Ghu | Publié le 09/09/201988 partages Partager Twitter
Les urgences du centre hospitalier de Lens sont en grève depuis la fin du mois de juin. PHOTO BAZIZ CHIBANE – VDNPQR
« Insultant ». C’est ainsi que Jean Létoquart qualifie le « financement » de la ministre pour « refonder les urgences ». L’infirmier anesthésiste CGT au CH de Lens met en parallèle les 750 millions d’euros proposés avec les 4 milliards annuels de taxes sur les salaires hospitaliers. « Si on supprimait cette taxe, ce serait 5 % d’argent en plus pour chaque hôpital », abonde Jacques Adamski, délégué CGT de l’hôpital de Roubaix. « Et la somme qu’elle propose ne sera pas de l’argent en plus, mais de l’argent pris sur le budget de l’hôpit al ».
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Voilà pour le volet financier. Du côté des mesures, Jacques Adamski juge qu’« il n’y en a pas ». « Aucune annonce sur des lits supplémentaires, ni sur les effectifs », déplore-t-il. Même déception chez Jean Létoquart : « Il y avait deux façons de régler le problème : soit faire en sorte que les gens quittent rapidement les urgences en créant des lits, soit faire en sorte qu’ils y viennent moins en renforçant la médecine de ville. Mais dans les deux cas, il faut du personnel et de l’arg ent ». Alors, dans un département comme le Pas-de-Calais, où « i l manque 280 généralistes et 1 000 spécialistes pour atteindre la densité médicale nationale »…
« De vieilles arlésiennes »
La création d’un « service d’accès aux soins » (SAS), les admissions directes en gériatrie, l’élargissement des compétences des infirmiers, la vidéo dans les EHPAD ? « De vieilles arlésiennes » pour Jean Létoquart. Déshabiller Pierre pour habiller Paul, selon Jacques Adamski : « On va dépouiller des services déjà en manque de moyens pour renforcer les urgences, au risque de monter les uns contre les autres ». Lui juge que « Madame Buzyn n’a pas compris que c’est tout l’hôpital qui est malade » quand son collègue lensois dénonce « une pénurie médicale organisée ».
Autre point de vue du côté de l’Autorité régionale de santé (ARS), qui juge que « la ministre a annoncé une véritable refondation des urgences » et a dans la foulée annoncé l’élaboration d’une feuille de route régionale. Elle passera, entre autres, par une concertation avec les médecins libéraux pour adosser une maison médicale de garde à proximité des centres hospitaliers de Lens, Tourcoing et Seclin-Carvin.
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